Noire Prairie by Chillicothe Zeb

Noire Prairie by Chillicothe Zeb

Auteur:Chillicothe, Zeb [Chillicothe, Zeb]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science-Fiction, Littérature de Gare
ISBN: 2285007183
Éditeur: Ebook
Publié: 1991-12-31T23:00:00+00:00


CHAPITRE VIII

Il fallut un certain temps à Cavendish pour identifier le sexe de la personne qui partageait son étrange prison.

Il crut d’abord, abusé par des bas noirs à résilles, un porte-jarretelles du même ton émaillé de jolis petits boutons de rose de couleur rouge et un slip arachnéen, également noir, avoir affaire à une femme.

Une grosse femme aux jambes courtaudes, aux cuisses épaisses, au ventre rond comme une barrique, à la poitrine dépourvue de poitrine justement mais garnie de méchants poils grisâtres, aux épaules tombantes, au cou taurin surmonté d’une tête pas bien avenante si l’on songe qu’elle ressemblait à un gros melon dans lequel on aurait planté un cigare.

— Bienvenue au Frigo ! lança la forme allongée, d’une voix à la fois rauque et grasse qui fit définitivement cesser le doute.

— J’ai cru un instant que vous étiez une femme, dit Cavendish en contemplant son curieux compagnon de captivité.

— Confidence pour confidence, j’ai pensé un moment avoir affaire à un nain, renvoya calmement l’autre. Je n’ai jamais entendu un enfant proférer autant de jurons ; quel répertoire !

Une seconde, l’éclaireur fut tenté de s’expliquer mais il renonça aussitôt. La situation était déjà suffisamment embrouillée pour la compliquer encore. D’autant que le phénomène qui le frappait n’avait nul besoin d’être divulgué.

— C’est plus facile à retenir que la table de multiplication, répondit-il.

— Ça c’est bien vrai, mais c’est moins bien vu dans les salons !

— Ça dépend des salons, renifla Cavendish. Y a des femmes qui adorent qu’on les abreuve d’insultes pendant...

— Dis-moi, tu es sacrément précoce ; quel âge tu as?

— Faut pas vous fier à ma taille, on n’a jamais été bien grand dans la famille ! Je fais jeune, comme ça, mais c’est rien qu’une impression. En fait, j’ai pas loin de vingt ans. Sinon, je ne serais pas là... Je veux dire qu’on ne m’aurait jamais laissé entrer chez Molly si je n’avais pas eu l’âge... Remarquez que ça aurait peut-être mieux valu... Qu’est-ce qui nous arrive ?

L’autre prit le temps de retirer son énorme cigare de sa bouche lippue avant de s’exprimer.

— Ça, c’est la question à un million de dollars ! grogna-t-il. Je n’en sais guère plus que toi sur le sujet.

— Il y a longtemps que vous êtes là ?

— Je ne saurais vraiment dire... Ici, on perd toute notion de durée, tu verras.

— Mais je ne veux rien voir, je veux juste filer vite fait !

L’autre eut un soupir doublé d’un haussement d’épaules.

— Ah ! l’impatience de la jeunesse, fit-il. Remarque, je te comprends, tu es jeune, tu avais la vie devant toi... Ce n’est pas mon cas... Tu sais qu’il arrive un moment dans l’existence d’un homme où il commence à penser à sa mort ?

— Ça ne m’a jamais effleuré l’esprit !

— Bien sûr, tu es trop petit. C’est une éventualité que tu n’envisageras que bien plus tard, lorsque ton corps commencera à te trahir, quand tu auras des rhumatismes, des rides d’expression, des poils qui te sortiront des narines



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